On entend de plus en plus parle de « troubles de l’oralité« . Mais que se cache sous ce terme abscons ? Les troubles de l’oralité sont en fait des troubles alimentaires dus à une hypersensibilité. On en rencontre notamment chez certains enfants, qui peinent à se nourrir ou n’acceptent que très peu d’aliments. Ils perçoivent les repas comme des moments pénibles et la simple vue de la nourriture peut leur provoquer au mieux un réflexe nauséeux, au pire un vomissement important. Certains refusent de manger des morceaux ou ne mangent que dans certaines conditions ou avec certaines personnes.
Ces mêmes enfants peuvent également avoir du mal à toucher de la nourriture, avoir les mains sales et être réfractaires à toucher certaines textures pas nécessairement alimentaires. Ils peuvent par exemple refuser de toucher l’herbe, le sable ou la pâte à modeler, dont la texture est jugée désagréable. Parfois, c’est la texture d’un tissu qui ne va pas être supportée. Il faudra souvent privilégier les vêtement de bébé aux textures les plus douces possibles.
Un diagnostic difficile à établir
Le diagnostic de trouble de l’oralité peut être compliqué à établir, car ces difficultés, souvent bien réelles, peuvent être confondues avec de simples caprices de l’enfant (il est dit « difficile »…). Ces troubles ne sont souvent pas pris au sérieux par les médecins qui connaissent encore mal ce phénomène. Les spécialistes qui gèrent ces troubles de l’oralité sont en fait les orthophonistes, qui aident essaient de « désensibiliser » ces enfants. Comment ? Par le biais de massages buccaux, une technique développée par Catherine Senez, une orthophoniste qui a publié plusieurs travaux sur les troubles de l’oralité et du comportement alimentaire et travaillé sur la déglutition. Elle a notamment travaillé sur le SDS (syndrome de dysoralité sensorielle). Autre technique, apprendre à l’enfant à toucher des textures qui le rebutent par le jeu. La « patouille » est également favorisée : il s’agit d’apprendre à l’enfant à jouer avec la nourriture (on imagine aisément les résistances culturelles et éducatives de certaines parents et professionnels concernant cette pratique…).
Un trouble développé chez les prémas, les RCIU ou les autistes
S’il est difficile d’établir un type d’enfant touché par les troubles de l’oralité, on sait que les grands prématurés ou les enfants RCIU (retard de croissance intra-utérin) sont plus à même de développer ce genre de troubles. Certains enfants polyhandicapés sont également susceptibles de développer des troubles de l’oralité, tout comme les autistes, souvent très sensibles aux textures. Soins à répétition, couveuse, sonde naso-gastrique dans les premiers mois de vie peuvent engendrer cette hypersensibilité.
Sonde naso-gastrique ou gastrostomie dans les cas extrêmes
Si la majorité des enfants touchés par ces difficultés parviennent tant bien que mal à se nourrir, au moyen d’aliments hypercaloriques et autres compléments alimentaires, certains sont obligés d’être nourris par voie entérale, c’est-à-dire par sonde naso-gastrique (SNG), posée en hôpital de jour, ou par gastrostomie. Cette technique permet à l’enfant de le nourrir directement par l’estomac. Pratique ? En partie, puisque ce dispositif ne se voit pas (l’enfant a comme un « bouchon » au niveau de l’estomac que l’on ouvre et que l’on referme), mais ce dispositif nécessite que l’on médicalise la chambre de l’enfant et aussi que celui-ci porte des vêtements adaptés. Pour un bébé, par exemple, il sera préférable de lui prendre un body et un pyjama de bébé qui s’ouvre par devant. Sonde ou gastrostomie sont envisagées quand l’enfant est dénutri et que sa santé est en danger, même si le travail de l’orthophoniste consiste à éviter d’en arriver à cette extrémité.
Des séances d’orthophonie pour tenter de diminuer ces troubles
Il est difficile, à l’heure actuelle, de savoir si l’on guérit vraiment de ces troubles de l’oralité. Les symptômes ont tendance à diminuer lorsque l’enfant grandit, au prix de séances d’orthophonie régulières et d’efforts sans relâche des parents. Qui, pour certains, ne mettront jamais leur enfant à la cantine ou ne l’enverront jamais en voyage scolaire en raison de toutes ces difficultés alimentaires si lourdes à gérer.
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